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Fabien THIESSET, chargé de recherches CNRS
Les écoulements turbulents diphasiques sont multi-échelles et multi-dimensionnels, c’est à dire qui dépendent :
– de la position dans l’écoulement,
– de l’échelle des structures liquides
– des propriétés des fluides
Lorsqu’elles se rompent, ces structures liquides subissent une évolution continue de leur :
– géométrie (surface, courbure),
– morphologie (sphéricité, ligamentarité)
– topologie (connectivité)
– dynamique (singularité aux temps finis)
Les facettes multi-échelle et multi-dimensionnelle des écoulements diphasiques requièrent une nouvelle théorie:
– qui tisse un lien avec la géométrie, la morphologie et la topologie de l’interface liquide-gaz,
– qui scrute la dynamique de l’écoulement liquide à la fois dans l’espace des échelles et des positions dans l’écoulement
– qui permet de retrouver un degré de prédictibilité et régularité au sens statistique.
Rendu réaliste du champ liquide dans une couche de cisaillement diphasique simulée par le code ARCHER.
Schematic representation of the phase indicator field . Gray zones represent the liquid phase (), white zones the gas phase (). The two points and together with the mid-point and the separation vector are also sketched.
Dans cette perspective, nous proposons d’utiliser la machinerie des équations statistiques en deux points telle que développée dans le cadre des écoulements turbulents monophasiques et qui est adaptée ici à un scalaire pertinent des écoulements diphasiques : la fonction indicatrice de phase . Cette variable de champ est définie:
(1)
L’équation de transport de se lit
(2)
En écrivant l’Eq. (2) en deux points et , separés arbitrairement d’une distance , on obtient après quelques manipulations:
(3)
In Eq. (3),
La littérature scientifiques des milieux poreux fait un usage extensif des statistiques en deux points de l’indicateur de phase. Un certain nombre de résultats analytiques permettent de relier aux propriétés géométriques de l’interface séparant le liquide du gaz. En particulier, aux petites échelles, le développement limité au troisième ordre s’écrit :
(4)
Dans l’Eq. (4)
Par conséquent, la limite aux petites échelles de l’Eq. (3) tend vers l’équation de transport de la densité de surface :
(5)
où est le taux d’étirement. À plus grandes échelles, est supposée rendre compte de la tortuosité de l’interface.
Simulation de l’instabilité de Plateau-Rayleigh par le code ARCHER. La surface est colorée par la courbure moyenne .
(top) Simulation of homogeneous decaying liquid-gaz turbulence. (bottom) Simulation of liquid-gas shear flow. Both were carried out using the ARCHER code
Ce cadre analytique a tout d’abord été testé pour une turbulence homogène diphasique en décroissance. L’homogénéité statistique implique que les gradients selon sont nuls, reduisant ainsi le problème à une analyse temps/échelle de l’évolution du système (un problème 4D qui dépend de and ).
– Mise en évidence d’une échelle caractéristique basée sur la densité de surface et le volume de liquid qui traduit l’évolution en échelle de
– Preuve que le taux d’étirement pilote le taux de transfert dans la cascade de en parfaite analogie avec le taux de dissipation scalaire pour la cascade d’un traceur passif diffusif.
Ces résultats sont publiés dans Journal of Fluid Mechanics:
Ce cadre théorique a ensuite permis d’explorer l’évolution temporelle d’une couche cisaillée liquide-gaz. Dans cette situation, l’homogénéité s’applique seulement selon deux directions et on doit alors recourir à la version 5D du budget espace/temps/échelle (3 dimensions pour , 1 direction d’inhomogénéité, 1 dimension de temps).
– La complexité du transport de liquide dans un espace combiné échelles/positions est mise en évidence.
– Mise en évidence d’une cohabitation entre un mécanisme de cascade directe (des grandes vers les petites échelles) ou d’une cascade inverse selon la gamme d’échelle et la position dans l’écoulement.
Les résultats ont été présenté à la conférence ILASS: